E-santé : comment la technologie repense l’assurance santé

En s’appuyant sur la technologie, les assureurs santé cherchent à prévenir les risques et réduire les coûts de traitement tout en repensant leur relation client.

« Le secteur de la santé est l’un des trois piliers de l’industrie de l’assurance, avec 1 400 milliards de dollars de primes d’assurance en 2017 selon McKinsey. Les dépenses publiques de santé et de soins devraient quant à elles passer à 14 % dans les pays de l’OCDE d’ici 2060 (contre environ 6 % aujourd’hui) selon les prévisions de l’OCDE. Et, alors que l’espérance de vie augmente et que les maladies deviennent plus coûteuses à traiter, les assureurs cherchent des moyens pour prévenir les maladies et pour réduire les coûts de traitement. C’est ici que la technologie devrait être utile. »

Les GAFA et autres sociétés dans le Digital ouvrent la voie pour l’innovation en santé

À ses débuts, Fitbit a développé des bracelets connectés pour suivre le nombre de pas effectués chaque jour. Aujourd’hui, il propose des dispositifs liés à la santé comme les balances connectées et les montres qui contrôlent la fréquence cardiaque. L’entreprise a récemment racheté Twine Health pour pouvoir gérer des données plus complexes comme l’hypertension et le diabète. Elle a aussi investi 6 millions de dollars dans Sano, qui conçoit un patch pour suivre le taux de sucre dans le sang.
Nokia a également rejoint le domaine de la santé connectée en mai 2016 avec le rachat de Withings, un fabricant d’objets connectés pour la santé, pour 170 millions de dollars, renommé « Nokia Health » en juin 2017.
Plus récemment, Apple a développé de nouvelles fonctionnalités sur sa montre connectée pour aller au-delà des capacités de suivi fitness. Ses capteurs sont tellement précis qu’une étude clinique récente montre qu’ils peuvent détecter le diabète avec une précision de 85 %. L’an dernier, l’Université de Californie à San Francisco est arrivée à la conclusion que la montre peut détecter les anomalies cardiaques les plus courantes avec une précision de 97 %. Apple a même intégré une section « Données santé » dans sa nouvelle version d’iOS afin de stocker toutes les données de santé à un seul endroit (consultation avec le médecin, hospitalisation, résultats de tests médicaux…) De son côté, Google a commencé à suivre les données de santé de 10 000 bénévoles pour créer une carte de santé humaine en partenariat avec Stanford Medicine.
Amazon s’est associé à JP Morgan et Berkshire Hathaway pour entrer dans le domaine de l’assurance maladie ciblant leurs employés américains. Au-delà de cette initiative, l’entreprise serait en pourparlers avec des fabricants de médicaments génériques. Cela aurait du sens d’utiliser sa chaîne logistique et d’appliquer ses processus efficaces pour la distribution des médicaments, ce qui réduirait au final le coût des médicaments pour les patients (et donc pour les assureurs qui les remboursent).

Les assureurs lancent plusieurs initiatives

« Pour faire face à ces concurrents externes, les assureurs affirment de plus en plus qu’ils veulent changer leur relation avec les clients. En essayant de recueillir plus de données sur les clients, ils espèrent mieux comprendre leurs besoins et augmenter le niveau d’engagement qu’ils ont avec eux en ajoutant de nombreux points de contact.

Aux États-Unis, AXA s’est associé avec Oscar Health, le premier et le plus grand acteur de l’assurance maladie 100 % numérique, qui prévoit de générer 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires cette année, selon son PDG. Au-delà de ce contrat de réassurance, AXA a racheté Maestro Health au début de l’année pour 155 millions de dollars. Grâce à cette plateforme, les PME peuvent gérer plus efficacement l’administration de leurs prestations de santé, ce qui permet d’en réduire le coût.
En France, AXA s’est associée à H4D qui développe des stations de téléconsultation. Il est prévu de les installer dans les PME pour faciliter l’accès à un médecin et se différencier du simple remboursement des frais médicaux. De nombreuses mutuelles proposent également des téléconsultations à leurs clients : Matmut est partenaire de la startup Medaviz, et Harmonie Mutuelle a racheté la startup MesDocteurs.com à la fin de l’année dernière. AG2R La Mondiale a lancé un kiosque d’applications de santé numérique en 2016 pour présenter des applications mobiles en lesquelles les clients peuvent avoir confiance dans le domaine du fitness, du bien-être ou des soins. D’autres sociétés sont sur les rangs et proposent une plateforme de santé pouvant servir les grans assureurs, telle que la société française H2H mobility proposant sa plateforme H2H Feelsafe.
Plus largement en Europe, Generali a lancé une initiative santé « Vitality » pour aider les clients à avoir un comportement plus sain. Elle comptait 2 000 PME et 40 000 salariés abonnés à la fin de l’année dernière. En 2015, déjà, John Hancock offrait des réductions sur les polices d’assurance maladie à ses clients américains qui ont accepté de partager leurs données. »

Les startups offrent des opportunités intéressantes

La plupart de ces initiatives impliquent des startups, car il n’existe pas de solution unique. Les assureurs doivent donc développer un écosystème de technologies et de startups autour d’eux pour relever leurs défis actuels : augmenter le nombre de points de contact avec les clients, comprendre les comportements pour mieux prévenir les risques, et réduire les coûts des soins. Les startups pourraient se concentrer sur la technologie et les assureurs pourraient la déployer auprès de leurs nombreux clients. Cette perspective est à l’origine des 5,8 milliards de dollars investis l’an dernier dans des startups de santé numérique dans le monde entier selon RockHealth, en hausse de 30 % par rapport à l’année précédente.

Voir l’article des échos https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/e-sante-comment-la-technologie-repense-lassurance-sante-132281

Nous traiterons à travers d’autres articles la téléconsultation médicale ainsi que la prévention des risques et des maladies.